Société D’histoire Naturelle des Ardennes 
Fondée en 1893
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COLLECTIONS


les herbiers d’athanase callay et de lucien mouze présentés sur le site telabotanica 
Notre musée d’histoire naturelle recèle, après 120 années de recherches, de collectes, de dons offerts par des membres ou des sympathisants, une grande richesse minérale, zoologique, botanique que seuls quelques initiés peuvent consulter. En effet, à ce jour et malgré tous ses efforts, la S.H.N.A. n'a pas pu obtenir de la ville de Charleville-Mézières et des autres collectivités locales, les moyens nécessaires à la mise en valeur de ses collections avec un accès possible au public.
Grâce à Nicole Loche, Colette Rozoy (avec la collaboration d'Arnaud Bizot), nous vous proposons toutefois de découvrir ci-dessous certains éléments de nos collections : 



« Des collections méconnues, à la SHNA ? Jamais entendu parler d’elles … ». C’est une question qui nous est parfois posée. C’est pourquoi nous vous invitons à une petite promenade de découverte dans les locaux qui les abritent.

Vos pas vous guident vers l’ancien musée municipal, … rue du Musée à Charleville. C’est l’endroit où, en « 1850, les Dames de la Providence, exilées pendant la Révolution, et rentrées en 1807, acquièrent un vaste domaine (2 ha) entre la rue de l’Arquebuse et la ruelle Pinteaux (actuelle Avenue Jean-Jaurès). Sur les anciens fossés de la ville et des jardins, elles bâtissent un vaste pensionnat pour jeunes filles, le « Couvent du Sacré Cœur ». C’est dans ces locaux que se trouve notre musée depuis 1912 » (cf article J-P. Penisson, in « Cent ans d’Histoire Naturelle » – Bulletin HS 1993)
Poussons la grille et la porte qui donnent accès à nos trésors, non sans avoir remarqué au passage, dans la cour, l’ancienne fontaine de la place ducale et le dolmen de St Marcel, qui partagent l’espace avec quelques sarcophages mérovingiens. 
Trésors dans les salles de l’étage ? Eh bien oui ! Patiemment collectés et réunis en ce lieu par des générations de passionnés. Dès le seuil franchi, digne et impressionnant, un squelette humain, objet d’étude dans un laboratoire du siècle dernier, nous toise, suspendu à sa potence. Tout aussi impressionnant et quelque peu inquiétant, un boa, venu d’on ne sait où, s’enroule autour d’un arbre qu’on peut supposer exotique.

Plus rassurants sont les petits mammifères naturalisés (écureuils, taupe, fouine et autres mustélidés, blaireau, rats et souris, …), que côtoient pacifiquement quelques reptiles, indigènes ou non (carapace de tortue, lézards, crocodile, …). Divers et colorés, des oiseaux originaires de nos régions (rapaces diurnes et nocturnes, pics, corvidés, canards et autres oiseaux aquatiques, …) et aussi originaires de contrées exotiques. Leurs œufs et leurs nids les accompagnent.

Un meuble d’époque, conçu et construit spécialement pour ce musée, au début du 20ème siècle, abrite une collection remarquable de mollusques d’eau douce, ardennais, collectés par H. Cardot. Travail d’autant plus remarquable que certains de ces animaux ont la taille d’un demi grain de riz !!! Pour ne citer qu’un exemple : Vallonia pulchella, récolté dans la vallée de l’Aisne. D’autant plus intéressants que certaines espèces ont maintenant disparu des Ardennes par exemple Margaritifera margaritifera, moule perlière. Où est l’époque où Marie de Médicis avait fait orner sa robe, pour le baptême de son fils, de plus de 30 000 perles ? Autre meuble de même facture et de même époque : c’est là que se trouve la collection d’animaux marins (échinodermes, coraux, mollusques, …). Les insectes (des plus modestes, de la taille d’une puce, aux grands papillons richement colorés, diurnes ou nocturnes, d’origines diverses : certains, venus du Mexique, font partie de la collection R. Bourgerie, en passant par les coléoptères, …) se nichent dans de multiples tiroirs, soigneusement épinglés dans des boites de collection, dans les effluves des produits conservateurs.
        Quittant le plus petit pour aller au plus gros : des crânes d’éléphants (non ardennais ! et sans leurs défenses …), un massacre de sanglier (de nos forêts), et …. la célébrité du musée : le coelacanthe (Latimeria chalumnae), poisson crossoptérygien. Bien qu’il ait perdu sa couleur bleue, il est (presque) entier, bien conservé, avec ses massives nageoires ossifiées, ses écailles larges et épaisses, sa queue trilobée, qui font de lui un spécimen précieux et indubitable. Certains musées nous envient … 
Les herbiers qui couvrent un mur entier du local, impressionnants par leurs dimensions  … et leur âge vénérable, constituent également une part des collections de la S.H.N.A.
Le plus volumineux de ces herbiers est constitué de 240 volumes et est l'œuvre d'un ancien pharmacien de Le Chesne, Athanase Callay. Très fin botaniste de la deuxième moitié du XIXème siècle, A. Callay consacra toute sa vie à l'étude de la flore ardennaise et grâce, à la rigueur acquise par ses études de pharmacie, fut l'auteur du premier catalogue de la flore vasculaire du département des Ardennes (Callay 1900). Le manuscrit de cet ouvrage, soumis à l'Académie des Sciences en 1874, fut couronné par le prix Lafons Mélicoq, prix qui fut aussi attribué aussi au Catalogue raisonné des plantes vasculaires de la Somme de B. de Vicq et B. de Brutelette. Le catalogue raisonnée de la Flore du département des Ardennes ne fut édité qu'en 1900 c'est à dire qu'après le décès d'A. Callay, car celui-ci, par souci de précision, travailla jusqu'à ces derniers jours à la rédaction de cette publication.

L'herbier d'A. Callay, comprend, non seulement des plantes régionales mais également de très nombreuses espèces de l'Europe entière, issues de la pratique des centuries qui consistait, à collecter une centaine (voire plus parfois) de plantes d'une même espèce pour pratiquer des échanges avec celles collectées par d'autres botanistes habitant dans une région ou un pays différent. Ainsi, parmi l'herbier de A. Callay figure des espèces rares dont certaines ont d'ailleurs disparues des régions où elles existaient (Bizot 2010). Récemment, un holotype (= planche d'herbier dont l'échantillon fait référence à l'échelle mondiale dans la description d'un taxon) y a même été décelé : il s'agit d'une Berce, Heracleum spondylium subsp. spondylium f. pseudoalpinum découverte dans les Ardennes par A. Callay (Reduron 2009, Bizot 2010).
Trois autres herbiers sont contemporains de celui d'A. Callay : ceux de Paul Mailfait, de Léon Cadix et de Pierre Janet. Les deux premiers botanistes cités ont aussi travaillé à l'inventaire des plantes vasculaires des Ardennes. Les résultats de leurs travaux furent publiés dans les premiers bulletins édités par la S.H.N.A. entre 1896 et 1899 (L'intérêt représenté par les parts de ces herbiers consacrées aux Ptéridophytes, fut récemment analysé : Bizot 2011). 

La présence du troisième herbier précédemment cité est plus surprenante car son auteur n'est autre que le célèbre philosophe et médecin, Pierre Janet (1859-1947), mondialement reconnu pour ses travaux sur la psychologie dynamique (un article est consacré, dans ce même bulletin de la SHNA, à cet herbier et son illustre réalisateur).
La S.H.N.A. dispose également de l'herbier de Lucien Mouze, professeur de Sciences naturelles, qui consacra une grande partie de se son temps, à l'étude de la flore locale en s'intéressant notamment au rapport liant l'apparition/disparition des espèces et les variations climatiques. Outre de nombreux articles sur ce sujet publié dans les bulletins de la S.H.N.A., il rédiga un supplément au Catalogue des plantes vasculaires des Ardennes de Callay (Mouze 1976-77).


Pour le botaniste averti, qui nécessairement ne peut que s'attarder sur ces herbiers remarquables et riche d'enseignements, il semble impossible de quitter cette partie des collections de la S.H.N.A. sans ouvrir quelques planches de l'herbier de Bryophytes ( = "Mousses") de Jules Cardot même si cet herbier n'est que très partiel. 

En effet, le nom de Cardot présente une résonance particulière chez les botanistes car il évoque notamment les récits des expéditions de Jean-Baptiste Charcot, sur les terres glacées de l'Antarctique.




De part l'acquisition d'une remarquable connaissance des brophytes initiée par des recherches menées dans les Ardennes, puis élargies à toute l'Europe, Jules Cardot fut notamment chargé d'étudier toutes les récoltes bryologiques rapportées par les missions polaires de J.-B. Charcot. Il décrivit de nombreuses espèces et genres nouveaux de bryophytes. En hommage à ses travaux, plusieurs taxons lui ont été dédiés : Frullania cardotii, Anisothecium cardotii, Dicranella cardotii, Pohlia cardotii, Campylium cardotii, Trichostomum cardotii…

Poursuivons notre visite des collections de la S.H.N.A. La pièce voisine est d’un abord plus froid : il n’y a là que roches et minéraux, fossiles animaux et végétaux, de toutes périodes, de toutes tailles et de diverses origines géographiques. Au rayon des fossiles, de remarquables ammonites, de la plus petite à la plus grande, de la plus lisse à la plus ornée ; rares trilobites du Mur des Douaniers (Vireux) ; la bien connue gryphée arquée ; … sans parler des vertèbres de grands sauriens (ardennais, trouvés dans la région de Grandpré) et des empreintes de plantes sur les schistes houillers du Carbonifère (venus des mines du bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais), … 

Souvenir du passé industriel des Ardennes : les échantillons de minerai de fer sont particulièrement nombreux et variés, d’origines proches ou lointaines (Ardennes, Lorraine, Lozère, Laponie, Cumberland ...). L’ardoise y est bien présente, dans toute sa diversité de couleurs, d’aspects, de schistosité, d’origine géographique, … ultimes souvenirs de nos anciennes ardoisières.
Souvenir des grands voyageurs du siècle dernier : minerai de cuivre de Madagascar, quartz de Roumanie, lapis-lazuli d’origine inconnue mais assurément non ardennaise, …
Souvenir de nos lointains ancêtres : quelques outils en pierre taillée de l’époque mésolithique (grattoirs, pointes de flèches, burins, …), et en pierre polie de l’époque néolithique (hache, herminette, fusaïoles, …), témoins du gibier chassé (tibia, dents et défenses de mammouths, bois de rennes et de cerfs, et divers éléments osseux : cornillons de bœufs, mâchoire de chèvre, bassin de cheval, …). Quelques outils en obsidienne nous donnent une idée de l’ingéniosité universelle de l’homme des origines.
Belle richesse de ce musée, par la variété et l’ancienneté des collections, véritables trésors. Nous avons une pensée particulièrement admirative pour les naturalistes et collectionneurs qui les ont si patiemment réunis : prospections personnelles, mais aussi échanges fructueux avec d’autres musées parfois lointains. Les cabinets de curiosités des siècles passés sont vite devenus obsolètes sous l’effet des recherches minutieuses des naturalistes plus modernes. Nous perpétuons leur œuvre par les récoltes botaniques, mycologiques, entomologiques et géologiques organisées et effectuées, entre autres, au cours de nos sorties.

Ce qui ne veut pas dire que, individuellement, nous restions indifférents à la rencontre d’un oiseau peu courant, d’un insecte inconnu, au cri surprenant d’un animal non identifié, … C’est avec plaisir que nous partageons nos découvertes avec nos amis naturalistes, leur demandant une précision ou une détermination : un naturaliste ne se contente pas du passé de son environnement, il suit son évolution, le découvre dans tous ses aspects, le respecte, l’étudie, et transmet ses observations. 

La nature recèle encore bien des richesses : il ne tient qu’à nous de les découvrir.
               http://www.tela-botanica.org/page:herbiers_recherche?module=Recherche&action=rechercher&masque%5Bcible%5D=collections&masque%5Blieu-stockage%5D=Charleville-M%E9zi%E8res&masque%5Bveg%5D=&masque%5Bzg%5D=&masque%5Bbot%5D=&masque%5Bp%5D=SHNA_Ardennes.htmlshapeimage_4_link_0